• J'ai croisé la voix de Sarabeth Tucek pour la première fois en 2008 grâce à une compilation MOJO qui proposait une relecture du White Album des Beatles. La jeune américaine y reprenait Good Night dans une ambiance très Cowboy Junkies. Intrigué et appâté, je m'arrangeais pour dénicher son premier album, sorti un an auparavant. 

    Sarabeth Tucek était alors instantanément devenu un de mes classiques de chevet au rayon folk-rock.

    Inutile donc de vous dire que je me suis précipité sur Get well soon, son tout nouvel opus, dès que je l'ai vu disponible à l'écoute.

    Enfanté dans la douleur (mort du père), ce Get well soon reprend les bonnes recettes folk-rock de l'album précédent en les magnifiant. Et c'est peu de le dire.

    On y croise des ambiances à la Neil Young en toile de fond quasi-permanente sur les morceaux les plus électriques (WoodenState I am in, Rising, ...) à la Cat Power (sur un Fireman de toute beauté), mais aussi à la  Feist, Kristin Hersh, Emily Jane White, Hope Sandoval (troublante ressemblance vocale) et probablement bien d'autres encore.

    On y passe de beautés en merveilles et inversement. Comment ne pas fondre devant des morceaux aussi simples et beaux que Smile for no one et The Doctor, une chanson aussi réussie que Rising ?

    Des milliers d'albums de folk au féminin sortent tous les ans, mais à l'heure où est publiée l'insipide nouvelle livraison d'Alela Diane, ce Get well soon, sombre et attachant tout en pariant sur l'optimisme, fait beaucoup de bien là où il passe.

    Plus qu'un album simple redite d'un glorieux passé, il se crée, au fil des vignettes, son identité propre et, en dépit de sa lourde thématique, réussit l'exploit de finir sur un morceau, la chanson-titre, on ne peut plus dépouillé et lumineux, qui me donne envie de relancer le disque ce dernier à peine achevé.

    Comment en vouloir à une telle réussite, à une telle petite merveille ?

    Sur Wooden, Sarabeth a beau carrément piquer la batterie et les riffs du loner  (période Down by the river / Cowgirl in the sand), je ne parviens même pas à être gêné aux entournures. Traitez-moi de faible, la demoiselle peut faire tout ce qu'elle veut (excusez le jeu de mots très facile) !

    Get well soon s'est imposé à moi, sans le moindre effort, et ce dès la première écoute. Je suis pourtant assez difficile en folk féminin, probablement en raison du maniérisme affecté qui touche 99 % des productions du genre. Get well soon en est, Dieu merci, totalement dénué. Il s'est offert à moi, tout simplement. Ou est-ce moi qui me suit entièrement ouvert à lui ?

    Toujours est-il qu'au bout de 7 passages entre les cages à miel, il se bonifie, tout comme le Coming Home de Maggie Björklund évoqué mardi, alors que tant d'autres disques se dégonflent très rapidement (non, je n'évoquerai pas les albums tristement et honteusement surcôtés de Josh T. Pearson ou de Bill Callahan).

    C'est pas fait pour arranger mes affaires tout ça !

    Je fais comment, moi, le premier mai, pour caser 10 albums dans mes 5 favoris sans passer pour une girouette ou un rigolo ?

    Je vous pose la question alors que la première semaine d'avril n'est même pas encore achevée.

    En attendant de résoudre ce dilemme superbe, je ne peux que vous inviter à écouter Get well soon, classique véritable et instantané. Du bonheur, je vous dis !

    Allez, hop, direction Deezer ou Spotify. 


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  • Chanteuse, guitariste et joueuse émérite de pedal steel, en plus d'être extrêmement charmante, la danoise Maggie Björklund nous offre avec Coming Home un somptueux album de folk / country alternative aux accents calexicoiens.

    Rien de surprenant, puisque les musiciens américains sont invités sur la galette au même titre que, entre autres, les membres de The Posies et Mark "je donne de la voix partout" Lanegan.

    Apaisant et planant, Coming Home sera à n'en point douter un de mes disques de chevet de ce mois d'avril et devrait figurer très haut dans mon récapitulatif de fin d'année.

    Un sérieux prétendant aux 20 premières places, en tout cas !

    Et dire que, n'étant pas attiré par la pochette, j'ai failli ne pas l'écouter ...

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    Vous trouverez Coming Home en écoute intégrale sur Spotify, ou partielle (6 titres) sur MySpace.


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  • Le groupe anglais Holon's Opulent Oog, découvert il y a un peu plus d'un an et demi, au détour d'un téléchargement erratique (il me restait un peu de crédit à utiliser sur un obscur et désormais défunt site made in .ru qui vendait de la musique au kilo) de leur premier album The Problem of Knowledge (2008), nous est revenu début février avec leur deuxième production intitulée Love In The Mist.

    Recueil folk-rock psychédélique plein d'amour, habité et quasi-irréel (oserai-je dire "embrumé" pour faire écho au "mist" du titre ? Allez, j'ose !) tant il laisse libre cours à la rêverie (je me suis surpris plus d'une fois à l'écouter et à bloquer complètement, m'imaginant des paysages, des scènes de films, ... ), Love In The Mist nous offre 12 vignettes alternant entre mélancolie, mystère et joie.

    Certains risquent de le trouver monotone, je le trouve entêtant, émouvant et enchanteur (aahh ... ces trompettes "mexicaines" et ces violons !)

    Un peu plus habillé que The Problem of Knowledge (lequel jouait vraiment la carte du dépouillement, du moins dans mon souvenir !), Love In the Mist est un petit disque qui a tout d'un grand.

    Après trois semaines d'écoutes assez intensives, je suis persuadé qu'il me durera bien plus longtemps qu'une saison. 

    Au contraire de nombre d'albums pour lesquels s'installe une lassitude progressive, je l'apprécie en effet de plus en plus à chaque écoute.

    Vous le trouverez en écoute intégrale sur Spotify.

    5 extraits sont également disponibles sur le MySpace du groupe. 


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  • Que dire de cet album de folk, si ce n'est qu'il est l'oeuvre de Katie Moore, (son second album après  Only Thing Worse en 2007)  musicienne canadienne basée à Montreal qui, dans un monde meilleur, devrait avoir bien plus d'exposition médiatique et de succès ?

    Qu'il m'enchante de sa première à sa dernière seconde ?

    Oui, c'est vrai aussi.

    Qu'il est en écoute libre sur la page Bandcamp de l'artiste ?

    C'est sans aucun doute le plus important ...

    une très jolie reprise des soeurs Kate & Anna McGarrigle 

    Saab a également beaucoup aimé cet album.

    Vous trouverez son article, bien plus fouillé, en cliquant ICI.


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  • Son Last clock on the wall de 2009 avait déjà pas mal tourné sur mon disque dur, notamment le morceau Miss me avec son passage à l'harmonica à 2'21 qui ne paie pas de mine mais qui, allez savoir pourquoi, m'avait énormément touché. 

    Je parle de l'américain Joe Purdy, héritier du Bruce Springsteen acoustique, qui vient de nous offrir son (déjà) douzième album, This American.

    Aucune surprise, du folk, du folk et encore du folk, Springsteen-like / -lite, donc.

    This American est l'un de ces milliers d'albums, fait de petits riens qui en font un grand tout et le rendent quasi-essentiel.

    Un album qui peut s'écouter à n'importe quel âge de la vie. Un album existentiel ?

    Une chose est sure, en tout cas. Il s'insinue dans ma vie au fil des écoutes, sans faire de bruit.

    Sorti numériquement en décembre 2010 et disponible physiquement en 2011, il a reçu une dérogation le plus naturellement possible afin de figurer dans mon classement 2011.

    Quelques possibilités d'écoute :

    *le player ci-dessous

    *Deezer

    *Spotify

    ça fait quand même quelques années que Springsteen n'a plus écrit de chansons aussi simplement touchantes qu' Oregon trail (avec un harmonica un peu neilyoungien également) et Admirals daughter.

    Le boss est "mort" musicalement !?

    Vive Joe Purdy !


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  • SOMBRE ET LUMINEUX

    Mon premier trimestre musical 2011 risque d'être fortement ancré dans la musique "traditionnelle" nord-américaine.

    Depuis quelques semaines, j'y trouve en effet de nombreuses petites perles.  

    Je m'attarderai aujourd'hui sur Lose me in the sand, nouvel album (son dixième), enregistré à Tucson, de Mark Growden.

    Je vous avouerai que je l'attendais impatiemment depuis ma découverte, il y a un peu plus d'un mois, de son fabuleux Saint Judas (2010).

    Comme souvent avec le folk, et d'autant plus ici où la tracklist alterne entre adaptations (Born to run de Bruce Springsteen, le traditionnel Shady Grove [dont il m'est impossible de me lasser. J'adore par dessus-tout son interprétation par Jerry Garcia & David Grisman], un "mix" étonnant entre l'hymnesque Star-Spangled Banner et le Mercedes Benz de Janis Joplin) et compositions personnelles, l'album n'invente strictement rien.

    Cela n'empêche pourtant pas, Lose me in the sand, au même titre que Saint Judas d'être une véritable réussite, un chef d'oeuvre en mode mineur de folk crépusculaire agrémenté de  magnifiques accompagnements au banjo et autres instruments tout ce qu'il y a de plus en plus traditionnels.

    Lose me in the sand m'a permis de rapidement faire le deuil de la dernière production kitschesque à souhait d' Iron & Wine, Kiss each other clean (critiques sur Playlist Society, Le Golb).

    Autre atout de Lose me in the sand : la voix de Growden, tout en maîtrise et sur le fil en même temps, en parfait accord avec l'ambiance des chansons.

    Voix qui évoque  plus souvent qu'à son tour celles d'Eddie Vedder et de Nick Cave.

    Voix qui parvient à rendre lumineux les fantômes qui hantent les morceaux.

    Lose me in the sand est un exercice, plein d'humanité, de rédemption et de whisky (il n'est d'ailleurs pas étonnant d'apprendre que le musicien a vécu des moments fort troubles par le passé. Il n'a vaincu ses propres démons qu'en  abandonnant quelques temps la musique pour pratiquer un exorcisme par la peinture au cours des années 2000).

    Un exercice d'équilibre  instable entre ombre et lumière.

    A la première écoute de l'album, mon ressenti m'a instinctivement porté vers le I'm beginning to see the light du grand Hank Williams.

    C'est tout le mal que je souhaite à Mark Growden.

    Bonne écoute !

    (les trois premières chansons sont extraites de notre album du jour) 


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  • En fin de semaine dernière, en effectuant des recherches sur le prochain album de Lucinda Williams, Blessed (sortie prévue le 1er mars), je suis tombé à plusieurs reprises sur le nom de Blaze Foley.

    Par exemple, la grande Lucinda dit de lui : "Blaze Foley was a genius and a beautiful loser."

    De même, la chanson Drunken angel qui apparait sur son miraculeux Car wheels on a gravel road de 1998 est un hommage à Blaze Foley, lequel fut d'ailleurs repris, entre autres, par Merle Haggard et Lyle Lovett.

    (Re-note à moi-même : Deuxième fois cette semaine que je cite Lyle Lovett sur ces pages. Il faut vraiment que je réécoute Joshua judges Ruth et I love everybody.)

    Intrigué par la récurrence de ce nom dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, je lançais le magique Spotify pour y découvrir un musicien de folk proche de l'univers de Townes Van Zandt dont il fut d'ailleurs un ami très proche. 

    Je fus, comme vous devez vous en douter, charmé dès les premiers accords !

    La carrière de Blaze Foley fut malheureusement bien trop courte (il fut tué en 1989, à peine âgé de 40 ans, par un coup de feu alors qu'il protégeait quelqu'un) et marquée par un insuccès commercial et médiatique inversement proportionnel à son talent.

    Le temps faisant son travail de mémoire, ces albums comment à être EDITES.

    En effet, pour d'obscures raisons, aucun de ces albums ne sortit officiellement (pour savoir pourquoi, écoutez le début de la vidéo placée en fin d'article).

    Vous en trouverez ainsi quelques-uns sur Spotify (ICI), dont le fabuleux et généreux The Dawg Years (recueil de chansons enregistrées entre 1975 et 1978).

    Ce dernier est également disponible sur Deezer.

    Un documentaire sur le musicien, intitulé Blaze Foley : Duct Tape Messiah, est prévu pour cette année.


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